La femme africaine, entre tradition et désir d’émancipation

Article : La femme africaine, entre tradition et désir d’émancipation
Crédit: Medsile / Iwaria
15 juillet 2021

La femme africaine, entre tradition et désir d’émancipation

Reléguées, minimisées, secouées. Mais aussi combatives et débrouillardes. Autant d’adjectifs pour qualifier la femme en Afrique, en l’occurrence au Sénégal, mon pays. Je me lève chaque jour en voyant un peuple très ancré dans sa tradition. Une tradition très à cheval sur ses principes, surtout si ceux-ci concernent la femme. Mais aussi, cette tradition est peu tolérante quand la femme aspire à un changement quelconque. Et quand le soleil va vers l’ouest, la femme, celle qui donne naissance, allaite et berce, laisse apparaître une lueur d’espoir qui peut se lire de loin sur son visage.

Certes, je suis l’aboutissement d’une longue tradition, mais n’empêche, je me pose toujours la question : quand est-ce que la tradition laissera la femme ramer dans sa barque vers le futur ? Quel sera le jour où je me réveillerai sans entendre parler d’excision ? Dois-je espérer qu’un jour, la femme ne sera plus épinglée par la tradition ? Et qu’elle brise enfin le stéréotype en exerçant certains métiers « exclusivement » dédiés aux hommes ? Arriverai-je à un jour où la femme se débarrassera de son héritage que lui a laissé la tradition ? Suggérant qu’elle est dépendante financièrement de son mari ? Et je ne cesse de me demander si j’assisterai à un changement de mentalité. Et ce, de la part des femmes africaines, en particulier celles du pays de la Téranga.

L’excision des filles, un problème toujours pendant

J’écume de colère quand j’entends qu’une fillette a été excisée avec l’accord de sa famille. Et au nom de quoi ? Au nom de la tradition. Celle-ci est certes, ce qui lie l’homme au passé. Mais le passé ne doit pas être invoqué si la douleur est présente à chaque invocation. Car, à chaque fois qu’une fille est touchée au clitoris, la douleur que ressent celle-ci est incommensurable. À cette douleur s’ajoute la tristesse d’une mère qui n’a pas son mot à dire dans son foyer. Étant donné que l’homme lui a même arraché la parole. Son visage sinistre, son cœur meurtri et sa bouche bâillonnée.

Ainsi, la tradition ne lui laissera pas dire un non tonitruant à la place de sa fille. De fait, elle s’absorbe dans le silence, tait sa douleur et la même situation se reproduit encore et encore. Et quand est-ce que ceci touchera à sa fin ? Je réponds : quand nous tous, aspirerons à un changement !

Le travail n’est pas basé sur le sexe !

Chez moi, je vois certaines femmes qui veulent exercer des métiers différents de ceux de tous les jours. Mais, si ce n’est pas les familles qui les en empêchent, c’est  la société qui leur pointe du doigt. Pour toujours faire appel à notre tradition. Et celle-ci restreint en premier lieu les droits de travail des femmes, car « la place de la femme est dans son foyer ». Avant de revenir pour dire que certaines femmes ne doivent pas travailler en tant que mécaniciennes, ou ne doivent pas intégrer l’armée. D’ailleurs, certaines familles vont jusqu’à interdire à leurs filles la pratique des arts martiaux. « Cela les empêcherait d’enfanter », disent-ils. Aujourd’hui, pour qu’il y ait émancipation, il faut que les femmes se frayent une route qui mène d’abord au changement, en brisant le stéréotype à jamais et travailler jusqu’à faire pâlir d’envie certains hommes.

La dépendance financière de la femme au foyer, une situation qui mérite des solutions

Nombreuses sont les femmes qui souffrent, car dépendant financièrement de leur mari. En tout cas au Sénégal, il en existe. La femme doit dépendre d’elle-même, parce qu’à force de recevoir, on finit par devenir esclave de celui qui donne.

Aujourd’hui au Sénégal, beaucoup de femmes mariées préfèrent le divorce au mariage. Cependant elles ne peuvent pas divorcer car il y a trop de dépendance, à tel point qu’elles ne pourront s’entretenir seules, une fois divorcées. C’est un phénomène plus que présent et je ne cesse de voir des femmes qui vivent au quotidien cette situation. Vu que si on est une femme, la tradition donne la primauté au mariage plutôt qu’au travail. Pire encore, certaines femmes célibataires sénégalaises, pour ne pas avoir à subir le poids d’une société qui est sous la houlette d’une tradition qui accorde beaucoup d’importance au mariage, abandonnent leur travail. Et s’adonnent à la vie conjugale sans pour autant agencer les deux. Et quelques temps après, la dépendance s’installe.

Enfin, je vous dis chères femmes d’être les principales instigatrices d’un changement pour vous

Dites vous que le changement, c’est d’abord vous, car nul ne peut décider à votre place. Je pense qu’il est temps pour vous de ne plus être sous le parapluie des hommes. Travaillez d’abord pour vous libérer. Ensuite, l’émancipation viendra pour que vous ne subissiez plus l’orage de certaines traditions avec leurs prescriptions.

Dans mon pays, j’ai envie de voir des femmes au devant de la scène de chaque aspect de la vie quotidienne. Parce que je ne veux pas que ce cri d’alarme soit lancé en vain. Il est lancé pour réveiller la femme qui est en profonde léthargie. Et je veux que dans ce pays, le réveil de cette femme se manifeste par le changement.

Étiquettes
Partagez

Commentaires

Alioune NDOUR
Répondre

Mon ami et frère,mon délégué.Quelle inspiration!!!!,quelle structuration !!!!.
T’as presque tout dit et courage.
« La letra con sangre entra »

July
Répondre

très beau texte, la femme est considérée comme un objet sexuelle, la femme a tant a prouvé aux yeux de sa famille et de sa communauté. Tout ce qu'elle désire c'est la liberté de vivre comme elle veut et ne pas dépendre essentiellement de la tradition !